Décès accidentel de Pierre SAUREL

Message de Nicolas Vayatis, directeur du Centre Borelli

J'ai rencontré Pierre en 1996 pendant qu'il effectuait sa thèse dans l'équipe Systèmes Complexes du CREA à Palaiseau. J'ai un souvenir très vivant de cette rencontre avec son esprit vif, curieux, espiègle, passionné. Il s'intéressait à l'époque à la modélisation du processus de démocratisation en Allemagne de l'Est avec des modèles d'apprentissage par renforcement. Je l'ai retrouvé en 2008 dans l'équipe des intervenants en statistique à l'Ecole Centrale Paris. Depuis sa thèse soutenue en 1998 sous le titre : "Nécessité des modèles en sciences cognitives : de la modélisation à la mise en parangon" (spécialité : Psychologie !), il avait obtenu un poste de maître de conférences à l'Institut Universitaire de Formation des Maîtres. Il se passionne alors pour la didactique des mathématiques, mais également pour le droit puisqu'il était également devenu  dans l'intervalle un brillant avocat spécialisé dans le droit informatique. Pierre ne cessait de surprendre par les cordes qu'il ajoutait à son arc. En effet, je mentionne en passant qu'après ses études d'ingénieur, il a passé l'agrégation de mathématiques, tout en suivant l'Ecole du Louvre pendant sa thèse de sciences, et il a également un diplôme de l'Institut des hautes études de défense nationale. Il intervient au CMLA à partir de 2012 sur un certain nombre de projets impliquant des aspects juridiques et scientifiques autour des données de santé notamment. Il présente en 2014 une habilitation à diriger des recherches sur le thème "Ingénierie des connaissances pour traiter de l’hétérogénéité des données issues de systèmes sociaux - IA et Altérité radicale". Sa trajectoire étonne, mais connaissant sa détermination et son pragmatisme, on devine qu'il construit progressivement un édifice intellectuel entre sciences mathématique, informatique et humanités, s'affranchissant des barrières entre les disciplines et les communautés, nourri par un goût  profond pour la force et la dynamique des idées. Ces dernières années, il milite pour faire accepter la place de la recherche dans le domaine des sciences de l'éducation au sein des institutions académiques françaises. Il devient membre à part entière du Centre Borelli en janvier 2020 avec comme objectif de développer, en toute logique, un programme de recherche autour des applications de l'intelligence artificielle dans les sciences de l'éducation.

Mes pensées vont à sa famille, son épouse Ghislaine et ses trois enfants.