Marie GARIN : soutenance de thèse

Marie GARIN

De l'apprentissage fédéré vers une théorie critique de l'apprentissage hétéromatique

Résumé de la thèse

Cette thèse atteste d'un basculement épistémologique assez conséquent. Ainsi, cette thèse est constituée de deux sections; la première relève des mathématiques - discipline initiale dans laquelle cette thèse a débutée - et la seconde, des Sciences and Technologies Studies (STS). L'objet de recherche autour duquel s'articule ce manuscrit est l'apprentissage automatique - qualifié dans la seconde section d'apprentissage hétéromatique. La numérisation croissante des sociétés et la consubstantielle prolifération des traces numériques - dont la mise en corrélation de données constitue le cœur même du fonctionnement de l'apprentissage hétéromatique - ont élevé les enjeux de surveillance et de protection de la vie privée au rang des préoccupations sociétales majeures. Ainsi, la première section est consacrée à une exploration d'une méthode d'apprentissage machine permettant de ne pas centraliser les données et donc souvent présentée comme améliorant la confidentialité : l'apprentissage fédéré. Une hémistiche présente la généalogie du basculement épistémologique et introduit les principaux ancrages méthodologiques guidant cette démarche; à savoir la théorie critique, certains écrits de Foucault et les STS. La seconde section, attestant d'une démarche réflexive et critique à l'égard de la première section, s'ouvre par une analyse de controverse sur les relations entre apprentissage fédéré et protection de la vie privée et se conclut par un examen des dimensions politiques de la littérature sur les moyens techniques présentés comme des solutions aux enjeux de vie privée. Ce changement de focale se poursuit par une enquête critique des régimes de vérité dominants abordant respectivement les enjeux de discriminations algorithmiques et les enjeux écologiques du dispositif numérique. Chacun de ces deux chapitres se conclut par l'exploration d'un champ d'intelligibilité alternatif ; l'équité algorithmique à l'aune de la gouvernementalité néolibérale dans le premier cas et l'étude des « impacts environnementaux » du dispositif numérique à l'aune de la philosophie critique des technologie de Langdon Winner dans le second cas.

Direction

• Nicolas VAYATIS, PR, Centre Borelli, ENS Paris-Saclay (directeur de thèse)

Jury

• Francesca MUSIANI, Chargée de Recherche CNRS, CIS (rapportrice)
• Sébastien GAMBS, Professeur (rapporteur), UQAM
• Tiphaine VIARD , Maîtresse de conférence, Télécom Paris
• Anne-Laure LIGOZAT, Professoresse, LISN, ENSIIE
• Aurélien BELLET, Directeur de recherche, INRIA
• Pablo JENSEN, Directeur de recherche, ENS Lyon